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Science sans conscience n’est que ruine de l’âme

#19 - Un entretien de la bienveillance avec Philippe Jourdan par Henri Lastenouse & Karine Lazimi Chouraqui de l'Académie The Alchemists


Henri Lastenouse : si vous deviez dessiner la sortie de crise pour la (ou le) CEO d’une entreprise de votre secteur, à l’heure où la promesse d’une immunité vaccinale est promise pour le troisième trimestre 2021, quel devrait-être, selon vous, sa première décision ?

Certaines décisions de gestion seront prioritaires : assurer la survie de l’entreprise, le besoin de trésorerie et de fonds de roulement. Ce que j’espère, c’est que les décisions de gestion, pour nécessaires qu’elles soient, ne l’emportent pas sur les décisions de management, à même de pérenniser l’entreprise à moyen et long terme. A cet égard, j’ai une inquiétude (mais aussi un espoir). Enfin, dans sa durée, la crise sanitaire restera inédite. Inédite (et certes nécessaire) aussi la protection dont ont bénéficié des millions de salariés en chômage partiel. Pour autant, quelles peuvent être les conséquences sur le rapport au travail d’une aussi longue période d’ « abstinence » ?


Karine Lazimi Chouraqui : quelles sont les mutations dans l’organisation du travail imposées par la pandémie depuis plus d’un an qu’il faut maintenant pérenniser au sein de l’entreprise ?


Il reste beaucoup d’incertitudes sur l’impact de la généralisation du travail à distance.

Le « distanciel » impacte lourdement les méthodes traditionnelles de management qui reposent sur la « confrontation » physique des acteurs dans un même espace clos. Il faudra du temps pour analyser en quoi le distanciel, imposé par le confinement, est une opportunité pour les salariés et pour les entreprises. On sait que le télétravail génère des troubles physiques et psychiques parfois importants, mais il introduit aussi un rapport plus libre au travail. Il conviendra d’apprécier le rapport bénéfices-risques pour toutes les parties prenantes.


Henri Lastenouse : cette pandémie a surtout mis en évidence nos fragilités face aux mutations, notre capacité insuffisante à nous adapter... comment ne pas se tromper, anticiper, sur quoi agir pour conjuguer court et moyen terme, au moment de choisir un cap pour le monde d’après ?


Beaucoup d’intelligences individuelles et collectives ont été déployées lors de la pandémie : 4 nations ont mis au point un vaccin dans un délai très court, traduisant la capacité de l’humanité à s’adapter. Un regret : cette intelligence collective ne s’est pas traduite par une solidarité planétaire, sinon européenne. Savoir anticiper sans se tromper, s’adapter, concilier le court terme et le moyen terme, ce n’est pas qu’une question de cerveau, mais de cœur (empathie, solidarité, bienveillance). Faut-il rappeler cette citation de Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » ? Il est plus que jamais temps de concilier les capacités scientifiques et leur acceptabilité morale pour bâtir le Monde d’après.


Equipe de publication : Henri Lastenouse et Karine Lazimi Chouraqui


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