The Alchemists
Les dinosaures ont disparu, mais les bactéries sont toujours là...
#24 - Un entretien de la bienveillance avec Adam Selamnia par Henri Lastenouse & Karine Lazimi Chouraqui de l'Académie The Alchemists
Henri Lastenouse : si vous deviez dessiner la sortie de crise pour la (ou le) CEO d’une entreprise de votre secteur, à l’heure où la promesse d’une immunité vaccinale est promise pour le troisième trimestre 2021, quel devrait-être, selon vous, sa première décision ?
Sortie de crise...dans mon secteur, celui de la santé numérique, il y a des startups qui ont vu leur activité augmenter, et d’autres ont même fait des levées de fonds records ! De plus, venant d’un secteur qui vise la personnalisation, j’ai du mal à m’inscrire dans une décision universelle. Néanmoins, je crois qu’il est plus que jamais nécessaire d’être en harmonie avec ses propres valeurs et d’engager un dialogue avec ses équipes pour refonder ou ancrer la culture d’entreprise, et cela qu’elle a souffert beaucoup ou non de la crise.
Karine Lazimi Chouraqui : quelles sont les mutations dans l’organisation du travail imposées par la pandémie depuis plus d’un an qu’il faut maintenant pérenniser au sein de l’entreprise ?
Clairement, le temps, la distance et les interactions sociales ont été impactés par la crise. La traditionnelle journée de 8h s’est allongée pour beaucoup. Or, certains ont pu y trouver un équilibre, et il serait intéressant de proposer une durée de travail personnalisée tout en veillant au bien-être des équipes. La productivité a été maintenue dans de nombreuses entreprises qui sont passées d’un espace unique à un espace ubiquitaire. Cependant, l’élaboration d’un cadre « Trust by Design » veillant à l’équité dans l’entreprise serait utile pour lutter contre l’« asolitude », le manque de temps pour soi perçu par un collaborateur. En regard, les interactions sociales promues par l’entreprise, et auparavant vues comme un exercice imposé, sont devenues la respiration et le fil d’Ariane pour sortir ensemble et plus forts de cette épreuve. J’aime à croire que cela va constituer une nouvelle norme, moins hiérarchique et plus bienveillante, au service du bien-être et de la performance.
Henri Lastenouse : cette pandémie a surtout mis en évidence nos fragilités face aux mutations, notre capacité insuffisante à nous adapter... comment ne pas se tromper, anticiper, sur quoi agir pour conjuguer court et moyen terme, au moment de choisir un cap pour le monde d’après ?
Il est important de parler des fragilités et du manque d’adaptation, mais je préfère concentrer mon analyse sur les déterminants de la résilience. On a commenté la disparition des dinosaures parce que tout le monde veut se voir grand et dominant. On a oublié de parler des bactéries qui sont toujours là, moins visibles et pour certaines qui expliquent que nous soyons encore là ! La pandémie montre qu’être petit est aussi un atout. Finalement « small and agile is beautiful ». Des exemples : Moderna, Doctolib, et CovidTracker !
Equipe de publication : Henri Lastenouse et Karine Lazimi Chouraqui